Que sont nos bastides devenues ?
« Mais les maisons de nos pères,
Les bastides carrées et leurs tuiles robustes
Leurs murs si bossus, et qui sentent la terre,
C’est sûr qu’ils ne les aiment plus. »
Ainsi un auteur anonyme fustige-t-il en 1860 les constructeurs et propriétaires des châteaux, chalets, villas ou « folies » qui fleurissent alors dans tout le terroir de Marseille, à la place des traditionnelles bastides, passées de mode et dont le nom même tombe en désuétude.
Victimes de leur simplicité architecturale, mais aussi soumises à une pression foncière grandissante, qui, au gré de l’urbanisation galopante du terroir marseillais au XIXe siècle et surtout au XXe siècle, grignote peu à peu leurs domaines, les bastides disparaissent peu à peu, ne laissant de souvenirs que dans la toponymie (les grands ensembles immobiliers des années 1960 reprenant le nom des anciennes propriétés), à travers quelques rares vestiges (portail monumental, arbres remarquables) ou dans la physionomie du réseau viaire, souvent calqué sur les limites de propriété et les anciens « vials traversiers ». Les grands travaux d’aménagement autoroutier des années 1950-1980 (autoroute nord et est, L2) achèvent de détruire celles qui avaient par ailleurs survécu aux réquisitions et dommages des deux guerres. La ville, désormais tentaculaire, engloutit les bastides et leurs domaines.
L’essor démographique imposant de nouveaux équipements, seules subsistent, souvent amputées de leurs domaines, les bastides qui ont été reconverties en établissements d’enseignement publics ou privés, hôpitaux (la Timone), équipements publics de type mairie (château Saint-Joseph, Maison-Blanche), centre social ou culturel (La Magalone), musée (Borély, Pastré), auberge de jeunesse (Bois-Luzy), maisons de retraite, établissements religieux ou parcs (Brégante).